lundi 8 février 2010

Eco-Quetzal : derrière les nuages, pas d'oiseaux

Ce projet nous tenait particulièrement à coeur, car au Guatemala il existe peu de projets de tourisme durable et aussi aboutis encore moins. Implantée au centre du pays, cette initiative a deux aspects clairs : protéger la faune et la flore de la région (Le bosque neboso qui bénéficie d'une grande biodiversité) et soutenir les communautés indiennes Quek'chi isolées. Pour ce faire le projet est simple: les touristes sont accueillis et immergés dans une famille indienne de l'une des 3 communautés qui participent au programme. Celle-ci leur sert de guide et leur fait bénéficier de leur connaissance de l'environnement pour aller observer notamment le Quetzal, oiseau symbole et emblématique du Guatemala, très rare aujourd'hui.

Apres avoir rencontré la coordinatrice du projet nous nous sommes donc préparés à une immersion de 3 jours et 2 nuits dans la communauté de Chicacnab. Le trajet pour y accéder est déja une aventure en soi: Après avoir pris un premier bus pour quitter la "grande ville" de Coban, nous avons fait un changement dans une plus petite ville, où nous avons embarqué à l'arrière d'un camion genre bétaillère (beaucoup utilisés par les Guatemaltèques en raison du faible nombre de routes goudronnées et de voitures) pour 1h30 de rodéo entre les oeufs et les sacs de riz. Arrivés à San Lucas, gros bourg et point d'entrée de la vallée du Bosque Neboso, nous avons poursuivi le voyage à pieds. En bottes plus exactement car nous avons gravis pendant près de 2h des sentiers boueux jusqu'au village totalement isolé de Chicacnab. Celui-ci est situé a 2500 m d'altitude dans une région au climat difficile, pluie et froid toute l'année. Les habitants assurent leur subsistance en arrivant quand même à faire pousser du maïs et en élevant quelques bêtes.

A l'arrivée, nuages bas et pluie nous attendent. Visibilité limitée à 2m. Le premier aspect du projet, la découverte de la forêt et des animaux, semble fortement compromis en raison du temps. "Mala suerte" comme ils disent. Nous prenons nos quartiers dans la maison de notre famille d'accueil: maison de planches et de taule à même la terre, sans eau ni électricité, où poules et enfants se cotoient dans la pièce a vivre. Au centre de cette pièce, totalement fermée, à l'exception d'un trou dans une planche, un foyer à bois brule en permanence, remplissant la pièce de fumée. Autour du feu les 3 femmes de la famille se relaient pour préparer les repas (tortillas, haricots et riz la plupart du temps). Pas de mobilier, pas de deco, que de l'utile. Le dénuement est évident.

Si l'on omet la fumée qui brule rapidement la gorge et les yeux, le dialogue est difficile à engager. Ces familles parlent le Quek-chi et quelques mots seulement d'espagnol et nos vies sont tellement différentes qu'il est difficile de trouver des sujets d'échange. Tout passe par les sourires, les regards mais c'est très fugace. On s'essaie à faire quelques tortillas, on partage leur repas et on essaie d'en apprendre plus sur leur quotidien en discutant avec Oscar, le chef de famille. Ce dernier est censé être notre guide mais il a été embauché pour la construction de l'Eglise de la vallée donc il nous confie aux soins de son gendre car il ne pourra pas s'occuper de nous. C'est bien dommage, car son gendre, Ernando, ne parle pas espagnol et n'a pas l'habitude de guider les touristes.

Le lendemain matin, le temps est toujours à la pluie et notre programme d'activité inexistant. Nous décidons donc de rentrer plus tôt car même si la soirée avec la famille était enrichissante, on sent bien que l'échange n'ira pas plus loin. Nos choix pour la journée sont de rester dans notre cabane ouverte aux 4 vents et dans le noir ou dans la pièce commune à regarder les femmes s'affairer.

Nous tentons quand même la promenade dans la forêt sous la pluie. Si l'environnement est très beau, evidemment nous ne verrons ni n'entendrons aucun être vivant. Nous refaisons donc le chemin en sens inverse: marche dans la boue, camion et bus jusqu'à Coban où le ciel bleu nous nargue.

Conclusion: Eco Quetzal est le projet le plus organisé que nous avons fait depuis notre départ et malheureusement celui dont on aura le moins profité et qui s'avère un peu décevant. En effet, les 2 éléments prépondérants - temps et disponibilité de la famille - n'étaient pas au rendez-vous. Il en reste que la soirée partagée avec la famille Quek'chi sera probablement l'une des expériences les plus extra-ordinaires (au sens propre) de notre voyage.

9 commentaires:

Unknown a dit…

J'avoue avoir eu un petit sourire à la vision de mon anne-gaga préférée accroupie dans la fumée, à tenter de communiquer au-dessus de la tortilla!
Ceci dit ce sont ces moments de (léger) doute, où on se sent un peu déboussolés et impuissants, qui font les meilleurs souvenirs! Et qui nous font apprécier ces moments où, au contraire, tout se passe formidablement bien et où tout semble aller de soi.
gros gros bisous et continuez à nous emmener avec vous!
E.

Anonyme a dit…

hello mon frere
je suis heureux de voir que tout ce passe bien et vous lire est tjrs un tres grand plaisir ca nous permet de voyager a nous aussi ...j'imagine trop bien mon tit frere sous la pluie et la boue ..blague mise a part c'est tres enrichissant pour vous comme pour tous ceux qui vous suivent dans ce periple...
gros bisous de chrystele,nathan et moi...

Caroline a dit…

Et ben, ça fait plaisir d'avoir de vos nouvelles... On s'inquiétait ;-)
En tout cas, c'est toujours aussi chouette de lire vos récits (épiques).
On a hâte de vous suivre à la prochaine étape.
Caro

Anonyme a dit…

heureux enfin de pouvoir continuer le voyage, étape difficile mais semble t'il remplie d'émotion et de trouble..on pense très fort à vous et on fait de très très gros bisous à notre anne-gaële

les dijonnais

Anonyme a dit…

pas besoin d une machine a remonter le temps pour vivre au temps des ancetres.une experience un peu dure mais que de souvenirs au retour.j attendais avec impatience de vos nouvelles.le temps passe beaucoup moins vite ici.prenez bien soin de vous.de gros gros bisous a vous deux.je vous envoie un mail en meme temps.

DJ a dit…

C'est au travers de ces conditions climatiques extrêmes que "Columbia"(C) doit revêtir tout son sens. En même temps, un truc ne va pas... Brouillard, pluie, boue, 2500m d'altitude... et pas un seul souci pour Cédric ? On est pourtant très loin de la forêt de Compiègne j'imagine... Anne-Gaëlle, je compte sur toi pour prendre soin de lui :-). Amusez-vous bien... A bientôt. Bisous...

CP a dit…

Eco-Quetzal, grace à vous nous sommes au coeur de l'aventure, enfin presque! calé dans le fauteuil, découverte d'un nouveau récit épique, nous attendons la suite . Prenez soin de vous, gros bisous à vous deux :) Mum & Dad

Ju a dit…

Aaaaah! La tortilla fumée ! Un délice, un mythe croyait-on !
Et non, vous avez testé pour nous (franchement sur ce coup là je suis ravie d'être à distance...)!

J'espère que vous êtes repartis sous des cieux plus bleus et bon pied, bon oeil ! (Parce que pour les lentilles, AG, ça doit pas être ça non plus la fumée...)

On vous voit en photo bientôt ? Histoire de voir ce que le cap des 4 semaines de voyage a fait de vous ?!

Je vous embrasse bien fort et je pense à vous

anne d. a dit…

Juliette a écrit : "On vous voit en photo bientôt ? ". Mais je crois bien qu'on peut déjà voir Anne-Gaëlle habillée en parisienne sur la 3e photo. En scrutant à travers la fumée, on voit AG, de dos, avec des petites boots noires dans lesquelles elle a eu la bonne idée de rentrer son pantalon. Sur cette photo, on voit très clairement qu'AG échange ses bons plans cuisine avec sa nouvelle copine en débardeur.

Anne d.