lundi 31 mai 2010

Partie de campagne dans la cordillère blanche




Entre tradition et folklore artificiel, la frontière est souvent mince... C'est pourquoi nous avions un peu peur avant de participer à la Pachamanca, fête péruvienne pratiquée pour célébrer la récolte des pommes de terre. Nous n'avons pas été décus.

Cela s'est déroulé à proximité de Huaraz, dans le village de Vicos, situé au pied de la magnifique cordillère blanche. La veille du grand événement, nous avons été accueillis dans la famille de Pablo, où vivent sa femme et ses deux filles (son fils de 14 ans vit pour sa part à la ville, afin de bénéficier d'un meilleur enseignement). Puis de bon matin, après avoir dégusté des tartines de miel, nous avons vu débarquer une vingtaine de villageois, les uns après les autres, apportant pommes de terre, viande, instruments de musique, et surtout bonne humeur. Sous le soleil, on s'est tous assis sur l'herbe, à discuter et à mâcher de la coca. Puis il a fallu commencer à travailler. Tandis que nous afutions notre caméra et notre appareil photo, les hommes ont commencé à fabriquer un gros four en pierre. De leur côté, les femmes préparait une énorme soupe dans un chaudron fumant.

Environ une heure après, les flammes brûlaient les pierres, et l'heure était à la pause. Pour notre part, nous sommes allés faire une petite balade pour apercevoir le mont Huascaran. De retour chez Pablo, le gazon était recouvert de pommes de terre toutes différentes. Il s'agit là de variétés andines et ancestrales. Pour nous redonner des forces, nous avons tous bu de la soupe. Puis ce fut le moment de "casser" le four, pour y intégrer les pommes de terres et la viande empaquetée dans des feuilles. Pour cela, on fait une couche de pierres chaudes, une couche de pommes de terre, une couche de viande, etc... On recouvre le tout de tas de feuilles, puis de terre. Au final, il ne reste plus qu'un gros talus au milieu du jardin.

Pendant que ça cuisait, on a tous remercié la Pachamama, Terre Mère, au cours d'une cérémonie simple. Les musiciens ont alors joué de la musique, et on s'est de nouveau reposés, sur l'herbe, à boire de la chicha morada. Enfin est venue l'heure de manger. Dans notre assiette, des pommes de terre aux saveurs variées, de la viande marinée et tout ça, dégusté avec les mains !! On s'est régalé. Pour finir cette journée en beauté, nous avons dansé avec nos hôtes dans le jardin. Quelques verres de pisco nous ont aidé à suivre le rythme.

Ce fut, vous vous en doutez, une journée superbe. On avait vraiment l'impression que tous étaient là pour faire la fête entre amis, bien manger et boire, tout en partageant leur traditions avec deux touristes comme nous. Nous avons vraiment été intégrés avec naturel et gentillesse, nous avons joué avec les enfants, plaisanté et échangé avec les adultes. Sachant que ce qu'on a payé pour cette journée participe à un fond de développement pour le village, on était plus que ravi. Une chose est sure, on est pas prêt d'oublier cette Pachamanca !!

dimanche 23 mai 2010

Main dans la main à Lima

Lima est une ville immense, tentaculaire. Le soleil, quant a lui, ne perce que rarement la couche nuageuse et polluée qui recouvre en permanence la cité. Enfin, c'est la ville des arnaques en tout genre. Difficile par conséquent d'apprécier cette mégapole. Difficile, également d'y vivre, comme nous avons pu nous en rendre compte en nous rendant à La Ensenada, bidon-ville situé au nord de Lima, où travaille l'association "Mano a Mano".

Il y a 2 ans, l'eau courante n'arrivait pas jusque dans ce quartier situé à flanc de Cerro (petite montagne). Aujourd'hui les rues sont toujours en terre, recouvertes de déchets, et les habitations très sommaires pour la plupart. Mais depuis plusieurs années, Sylvie et son équipe essaient toutefois de faire la différence. Grâce aux dons, subventions et apports des touristes qui peuvent être hébergés dans les locaux de l'association (l'association ayant déménagé récemment, l'offre d'hébergement est pour l'heure suspendue), plusieurs infrastructures ont été développés sur place : dispensaires, restaurant communautaire, centre de formation, parc et bibliothèques.

 Au travers de l'éducation, l'objectif est de faire évoluer les uns et les autres. Grâce aux bibliothèques, les enfants peuvent compter sur un soutien scolaire, quant d'autres livrés à eux mêmes se regroupent en bande et dérivent... Sur place, nous avons pu nous rendre compte que ce sont d'anciens enfants passés par la bibliothèque qui encadrent aujourd'hui d'autres enfants, preuve de changement. Grâce aux cours du soirs, les femmes peuvent quant à elle suivre des formations. Cela a permis a plusieurs d'entre elles d'apprendre la construction en bâtiment, d'où la création d'un parc magnifique sur les hauteurs de La Ensenada. Ce lieu, encore en construction, constitue déjà un vrai havre de paix : jeux pour enfants, fleurs, arbres et bancs...

Côté tourisme, l'association organise également des visites de la ville par des membres de l'association. Nous avons la chance de découvrir le centre de Lima avec Jessica, jeune diplômée très impliquée dans l'association. Au terme de cette journée nous avons réalisé que tous les projets que nous avions visités jusque là se situaient à la campagne. En ville, les problèmes se posent différement, et pour cause, dans un bidon-ville, on ne peut rien cultiver... Sans argent, on ne peut donc pas s'en sortir. De quoi repenser nos liens avec la Pachamama, la mère Terre.  



mardi 11 mai 2010

M+4: dernière étape en Amérique Latine

Le hasard fait bien les choses, pour notre M+4, nous experimentons un nouveau projet, côté péruvien. Et pourtant c'était mal parti car la veille nous n'avions aucune idée de ce que nous allions faire. En effet le tourisme durable est parfois imprevisible, certains projets qui peuvent sembler interessants et bien ficelés sur le papier, se révèlent au final inexistants ou décevants. Nous avons donc atterri dans une agence de voyages "responsable" (Always Travel à Puno) pour changer nos plans et nous avons découvert l'existence d'une communauté située à proximité du Lac Titicaca (Silustani, site Inca). Face à nous le directeur de l'agence digresse, s'explique mal et nous demande un prix bien trop élevé. On refuse, du coup ce dernier nous propose de nous rendre sur le site par nos propres moyens tout en organisant avec le responsable local notre venue. Le 4 mai c'est donc l'expedition.

Pour parcourir 37 km, on combine 3 moyens de transport: tuk-tuk, mini-van et coffre d'un taxi collectif. A l'arrivée on rencontre Julio, le responsable du projet, en compagnie de plusieurs membres d'une ONG. Ceux-ci apportent un soutien technique au projet notamment en vue d'ameliorer les capacités d'accueil touristique de la communauté. On part tous ensemble visiter une école et une bibliothèque, fondés grâce au soutien de l'agence de voyages. L'éducation est au coeur du projet. A l'arrivée notre déception est grande, car l'ecole est vide, les professeurs ont apparemment décidé de prolonger leur week-end férié (ce qui ne les empêchera pas d'être payés). Les parents sont en colère mais impuissants. Nous qui devions faire la lecture aux enfants, nous sommes aussi dépités.

Mis à part cet imprévu, le reste de la journée est une belle expérience. Ce qu'on en retient: une ballade en barque bucolique au milieu des roseaux et face aux vicunas (espèce noble et protégée de lamas), la decouverte de ruines incas - seuls au milieu d'un site majestueux -, de beaux echanges qui nous ont permis d'en apprendre plus sur la vie des habitants de la région et, cerise sur le gateau, un festin de rois dans une maison en terre chaleureuse.

En effet, quelle ne fut pas notre surprise quand, Julio, notre hote, a enfilé sa toque de chef pour nous préparer une délicieuse truite aux herbes, précédée d'une soupe au quinoa, de feuilletés au fromage et suivie par des pancakes de quinoa aux fruits. Pour la 1e fois depuis le debut du voyage, nous avons enfin partagé notre repas avec toute la famille; Julio, sa femme, sa fille Melissa (au rire coquin) et même le petit dernier de 2 mois, emmitouflé dans le fameux tissu accroché aux épaules des femmes.
Au milieu du repas nouvelle surprise: On apprend que nos hotes ont le même age que nous! or tout un monde nous separe et nous leur donnions beaucoup plus.

Au final cette journée aura permis de faire travailler 3 familles du village à un juste prix (pas d'intermédiaire). Notre guide, Julio notre hote et le batelier qui a ramé pendant que l'on profitait du paysage.
Nous avons aussi pu nous rendre que Victor, le patron de "Always Travel" etait très actif pour la communauté et son travail réel malgré ses deficiences en communication pour bien vendre ses tours.

De quoi nous rebooster alors qu'après 4 mois de voyages la fatigue physique se fait sentir. Ce qui est sur c'est qu'on est toujours fascinés par l'Amérique Latine et ses multiples façettes. Au Pérou, dernière étape du continent, on est frappés par l'heritage laissé en à peine 200 ans par la civilisation Inca. De voir ces murs imposants, taillésaussi précisément, parfaitement emboités, et surtout encore debout après conquête espagnole et catastrophes naturelles, on se dit qu'ils sont forts ces Incas!