samedi 19 juin 2010

La tortue et les coraux...


Badi, qui s'approche...
Dans sa piscine, Badi la tortue s'approche de nous. A la vue de notre appareil photo, qu'elle prend pour un morceau de poisson, elle s'agite frénétiquement. Nous sommes séduits. Dans les autres bassins, ce sont des bébés tortues qui se baignent. Non, nous ne sommes pas dans un zoo aquatique, mais dans un centre de plongée impliqué dans la protection des tortues de mer.

Tout commence avec Chris, australien et ingénieur de formation, qui se retrouve à Bali dans les années 90, et décide de fonder son centre de plongée sur la côte nord de l'île. C'est alors qu'il croise un villageois sur la plage, s'apprêtant à manger une tortue de mer. Chris l'interroge et décide de lui racheter sa tortue pour sauver cette dernière, tout en permettant au villageois de se nourrir. Cet "acte d'un jour" lui vaudra très vite la visite d'autre villageois ayant entendu parler de l'homme qui rachète les tortues. Très vite, Chris se retrouve avec plusieurs tortues sur les bras....
Chris et les filles du cours de danse balinaise
Pour les villageois, vendre les tortues se révèle en effet plus rentable que de les manger. Cela inspire Chris, qui décide de trouver un moyen d'amorcer un cercle vertueux. Reefseen rachète désormais les oeufs de tortues découverts par les villageois. Quelques semaines après leur éclosion, les tortues sont conservées dans des bassins jusqu'à ce qu'elles soient en âge de voguer par leurs propres moyens, sans craindre les prédateurs. C'est ici qu'intervient le touriste. Soit en visitant le centre de sauvetage, soit en sponsorisant le relachage à la mer d'une tortue. De cette façon, les visiteurs font connaissance avec les tortues et participent à leur préservation. Certaines sont tellement bien dans le centre qu'elle reviennent, tel Badi. Par ailleurs ce projet a permis la sensibilisation des villageois qui ne voient plus uniquement l'avantage économique d'épargner une tortue mais comprennent aussi l'importance de les préserver.

Filles en plein cours de danse
Nous avons pu découvrir sur place d'autres projets tous auto financés, impliquant les communautés et donc le principe est toujours celui du gagnant-gagnant. Des cours de danse traditionnelle balinaise sont ainsi dispensés aux jeunes filles du village, qui donnent régulièrement des spectacles rémunérés. D'un côté la culture régionale est préservée, de l'autre les jeunes filles en retirent un revenu. Enfin, des jeunes sont aussi formés au métier de guide de plongée en contrepartie d'apprendre aussi la "réparation" des récifs coraliens abîmés lors des tempêtes ou par la pêche.
A Pemuteran il existe une dizaine de centres de plongée. Reef Seen est le plus ancien et surtout le seul à se démarquer par ce types d'actions. Par rapport aux autres projets que l'on a fait, celui-ci est le plus facile et le plus proche d'une activité conventionnelle. On y vient pour faire de la plongée, mais de manière plus responsable, tout en soutenant des projets de développement local intelligents. Voyager autrement c'est aussi ça.

mardi 15 juin 2010

Choux blanc a Java

Un des intérêts de venir en Asie après 5 mois en Amérique Latine était pour nous de pouvoir observer les points communs et / ou différences en matière de tourisme durable. Est-ce que les initiatives sont similaires ? Est-ce que chaque continent fait face aux mêmes problèmes? Nous étions donc impatients de visiter un premier projet en Indonésie.

Et tout paraissait bien engagé. Même si nous n'avions identifié aucune initiative sur Java avant de partir - hormis un ecolodge qui s'est révélé beaucoup trop cher pour nous - nos récentes recherches menées à Buenos Aires nous avaient orienté vers une association de défense des animaux. On a vite pris contact avec eux après avoir appris qu'ils faisaient visiter aux touristes des centres de sauvetage. On a reçu illico presto une réponse très positive nous invitant à venir les voir dans l'une des deux villes par lesquelles nous avions prévu de passer. Tout s'enchainaît...

Mais arrivé à Yogyakarta, cela s'est compliqué. Nous n'avions reçu aucun nouveau message de l'asso. Impossible de savoir ou se rendre car nous n'avions pas de contact sur place. Qu'à cela ne tienne, nous avons relancé, espérant nous rattraper à Malang, autre ville possédant un "rescue center". Mais toujours pas de nouvelles. A force d'essais, on parvient enfin à avoir notre contact au bout du fil, qui était en voyage. Il nous oriente alors vers une autre personne sur Malang. Après quelques minutes de conversation avec ce dernier, on apprend que le centre a déménagé, qu'il n'est plus pris en charge par la même association, et donc, qu'il n'y a rien a voir. On se rend à l'évidence, c'est râté.

Le temple de Borobudur
Comme en Amérique Latine, certains projets souffrent d'un manque de communication voire ....d'existence. On a pu remarquer d'autres similitudes, notamment en termes de pression touristique sur les sites incontournables, comme le temple boudhiste de Borobudur. Cet édifice magnifique, où fresques indiennes se succèdent sur plusieurs étages sous l'oeil des bouddhas accroupis, est énormément fréquenté. Sur place, nous en avons constaté les dérives. De nombreux touristes escaladent ainsi les pierres sculptées millénaires pour se prendre en photo, quand ils ne laissent pas leurs déchets par terre. Après tant d'énergie passée à reconstruire ce temple pierre par pierre suite aux divers tremblement de terre, cela est vraiment triste.

Le Mont Bromo fumant
Sinon, que dire de l'Indonésie après 10 jours passés à Java. Tout d'abord les gens sont absolument charmants. Nous sommes souvent accueillis par des "hello" gratuits accompagnés de sourires. C'est très agréable. Un épisode mémorable a été lorsque en passant devant une école, environ 50 élèves nous ont simultanément fait de grands signes en nous hurlant des "hellos" et en s'approchant pour nous taper dans les mains. Véridique! Pour un instant on a eu l'impression d'être des stars... pour un instant seulement.
Java est en perpétuelle activité, de jour comme de nuit. Sur les routes, mobylettes et voitures n'arrêtent pas, et il faut s'éloigner des grands axes pour trouver la sérénité au bord des rizières. Et puis enfin, on mange bien ici !!

Au moment de quitter l'ile principale de l'archipel, on se demande si Bali sera similaire car le tourisme international y est beaucoup plus développé. Réponse au prochain post.

mercredi 9 juin 2010

M+5 : Cap à l'Est

Dans une cantine malaysienne à Jakarta
En ce matin du 4 juin on se réveille à Jakarta, sur l'ile de Java en Indonésie. On a quitté Buenos Aires aux couleurs automnales lundi matin et après 2 longs vols, un survol du pôle sud et une escale de 18h a Sydney on arrive sur un nouveau continent 52h plus tard. Il faut un peu de temps à notre corps et à notre cerveau pour absorber les changements. Langue, odeurs, couleurs et saveurs, tout est différent, un autre voyage commence. Du coup on se dit que c'est peut-être le moment de tirer un premier bilan de notre périple durable en Amérique Latine.

Déja pour un peu mieux donner les contours de ce tourisme, après une dizaine de projets, ce qui nous semble le caractériser c'est essentiellement la simplicité des projets et la volonté de développer une activité touristique complémentaire autour de l'existant et non une nouvelle activité prévue POUR le divertissement du touriste. C'est une différence fondamentale.

Devant le célèbre opéra de Sydney
On ne fera pas le top 5 des projets car ce serait trop difficile et puis sur quelle base donner notre avis autre que "on a aimé, on a pas aimé"?. Par ailleurs nous avons apprécié tous les projets que nous avons visité. Voici donc plutôt quelques réflexions et idées en vrac.

Tout d'abord voyager durable permet bien de voyager différemment. Déja car la plupart des initiatives nous ont permis de nous éloigner des sentiers battus, de faire de belles rencontres ou de decouvrir des endroits, ce qui ne serait jamais arrivé autrement. Par ailleurs, nous avons trouvé chaque expérience véritablement enrichissante humainement et culturellement. Même si les échanges avec les habitants ont parfois été plus limités que ce que l'on espérait, ils nous ont neanmoins toujours permis de mieux appréhender la réalité de leur vie et c'est vraiment l'un des points importants que l'on recherchait.

Face au port de Sydney
En revanche il faut aussi l'avouer, pour le moment le tourisme durable n'est pas encore très développé, il reste un tourisme "militant" avec une marge de progression à atteindre avant de concurrencer véritablement le tourisme "conventionnel":

Tout d'abord, ce n'est pas un mythe, voyager durable il faut le reconnaître revient souvent plus cher. Donc lorsque l'on a un budget "routard" on ne peut pas forcément faire un voyage 100% durable. Il faut faire des choix.

Ensuite, voyager durable n'est pas plus compliqué mais demande de l'organisation, du temps, de la patience. A part quelques initiatives encadrées par des associations ou ONG et très carrées, la plupart est faite à l'initiative de 1 ou 2 personnes qui ont d'autres activités que le tourisme. Ainsi, on ne compte plus les cas où il nous aura fallu contacter 3, 4, 5 fois notre contact avant que notre venue soit "organisée".

Une idée de l'ambiance pendant les festivités du bicentenaire de l'argentine
Enfin ce que l'on a le plus souvent constaté dans l'ensemble des projets c'est un manque de professionnalisme, des approximations dans l'organisation. On s'explique: à plusieurs reprises on s'est retrouvés au milieu de la journée avec un programme d'activités un peu flou, où finalement on fait moins de choses que prévu mais sans savoir pourquoi, ou bien à attendre 1h que notre contact vienne nous chercher. En temps normal si l'on paie un tour à une agence "classique" on se plaindrait au prestataire de ne pas remplir son contrat. Dans le cas d'une initiative on a tendance à se dire "oui bon c'est du tourisme communautaire, ils font ce qu'ils peuvent". Or le risque est de tirer les projets vers le bas si le voyageur baisse son niveau d'exigence et attend moins parce qu'il voyage différemment. Au début nous avions ce type de réaction, on ne disait rien et on pensait juste "bah c'est pas grave, c'est à l'arrache". Car dans un sens on se dit que l'un des points clés de ce tourisme est de ne pas forcément changer son fonctionnement pour le touriste mais au contraire que celui-ci soit intégré à la vie de la communauté, donc on demande moins. Mais attention à ce que ça ne tourne pas à un manque d'exigence paternaliste qui ne leur rend pas service. Car l'objectif de ces communautés est de s'améliorer pour etre plus compétitifs et faire venir plus de touristes. Donc au fur et à mesure on a décidé de faire part de nos commentaires et remarques pour leur permettre d'en tenir compte et cela nous parait plus responsable après coup.

Et au final s'il y a une chose à retenir c'est quand même que nos souvenirs les plus marquants dans les 7 pays d'Amérique latine visités, nous les avons vécu dans ces initiatives. Et ça ça vaut probablement tous les commentaires.